Art nouveau, la nature célébrée
Les bijoux et objets précieux issus du mouvement de l’Art nouveau connaissent une vogue indéniable depuis le début des années 80. Un mouvement qui s’est accéléré à l’aube des années 2000. Tant et si bien qu’il est désormais très difficile de trouver des belles pièces datant du début du XXe siècle, sans parler des cotes qui atteignent des sommets pour les plus grandes signatures.
Art nouveau, triomphe de la fantaisie
Dans la joaillerie, l’Art nouveau apporte un vent de fraicheur indéniable. La référence à la nature devient omniprésente et pour rendre hommage à la diversité des espèces animales et végétales, les créateurs n’hésitent pas à utiliser des matériaux jusqu’ici peu utilisés, tel le verre, l’émail, la nacre ou le bronze, ou des pierres réputées moins précieuses (dites aussi semi-précieuses), comme le corail, l’opale, la turquoise… Pour les joailliers phares de ce mouvement (René Lalique, Piel Frères, Eugène Feuillatre, Colonna, Hirtz, Lucien Falize, Lucien Gaillard, Tiffany, Liberty & Co.… pour n’en citer que quelques uns) l’inspiration et la qualité du travail manuel comptent au moins autant, si ce n’est plus, que la valeur des pierres utilisées. Ce qui explique pourquoi le diamant n’est plus privilégié dans le montage des bijoux. Cette explosion de couleurs et de formes décuple les possibilités créatives, avec des représentations (sur les proches et pendentifs notamment) mêlant figures humaines (le plus souvent une image de la femme idéalisée) et attributs animaux (ailes de papillons, par exemple) ou végétaux (lianes, tiges, feuilles…). Un triomphe de la fantaisie et de la nature qui apparait en réaction au monde industriel.
Art nouveau, retour à la nature
La deuxième partie du XIXe siècle est marquée par la seconde révolution industrielle. Charbon, acier, pétrole, chimie… l’homme exploite activement les ressources naturelles pour assurer un développement à grande échelle dans tous les domaines. Croissance de la ville et d’un habitat collectif plus dense, raccourcissement des distances avec le train puis l’automobile, bientôt suivi de l’avion. Les grandes gares parisiennes témoignent de la maîtrise technique des ingénieurs en mêlant la pierre, le verre, l’acier. Le symbole le plus éclatant de cette époque est bien entendu la Tour Eiffel (1887). Face à cette prééminence de l’industrie dans la vie quotidienne, certains artistes choisissent de célébrer la nature en créant des motifs inspirés des fleurs, plantes, insectes, animaux. Un mouvement qui s’inscrit dans la lignée du “Japonisme” qui a marqué les beaux-arts dans la seconde moitié du XIXe siècle. En effet, les objets précieux venant du pays du soleil levant (parmi lesquels les estampes signées Hokusai, Hiroshige et Utamaro) utilisent abondamment les lignes courbes et les éléments naturels.
Art nouveau, éloge des courbes
L’Art nouveau se concentre sur une période assez courte, d’une vingtaine d’années (de 1890 à 1910). Le début du XXe siècle marque sans conteste l’apogée de ce mouvement qui touche tous les arts : beaux arts et arts décoratifs. Dans ce domaine, on peut citer les réalisations d’Hector Guimard (notamment les fameuses bouches du métro parisien) mais aussi l’Ecole de Nancy qui réunit autour d’Emile Gallé, les frères Daum, Jacques Grüber, Majorelle, Prouvé, Vallin. Les créateurs n’hésitent pas à marier les matériaux (bois, pierre, verre, acier…) en s’appuyant sur les techniques modernes pour revisiter les techniques ancestrales de la pâte de verre ou de la ferronnerie. Pour faire entrer le sensible dans un le monde moderne technologique et froid, ils utilisent à foison les courbes dans leurs créations. La “tige” devient un élément clé de décoration, que ce soit sur les meubles, les façades d’immeuble, ou même tous les objets de la vie quotidienne (vases, abat-jours, flacons…). La “tige” présente l’avantage de structurer l’espace grâce à sa verticalité tout en amenant des courbes qui peuvent se décliner en une multitude de formes.
Bijou Art nouveau
La broche est un bijou emblématique de l’Art nouveau. En effet, pour les créateurs, ce bijou (décliné parfois aussi en pendentif) était un terrain d’exploration idéal en raison de ces dimensions plus importantes que les bijoux plus traditionnels, comme les bagues ou boucles d’oreilles. Bien entendu, les thèmes de prédilection de ce mouvement sont mis à l’honneur : fleurs, plantes, insectes, animaux. Les règnes animal et végétal sont magnifiés dans des réalisations qui utilisent volontiers des techniques traditionnelles comme le travail de l’émail ou de la pâte de verre. Dans le domaine de la verrerie, les créations d’Emile Gallé ou des frères Daum font figure de références, ce qui explique leur cote extrêmement élevée aujourd’hui. Il en va de même pour les œuvres de René Lalique dans le domaine qui nous intéresse au premier plan : la joaillerie. Inspiré lui aussi par la culture japonaise, il n’hésite pas à intégrer les éléments naturels (libellules, herbes…) à ses créations, toujours marquées par une réalisation d’une grande finesse. Ce mouvement de l’Art nouveau dans la joaillerie a une autre conséquence. Elle change le statut du joaillier qui devient un artiste à part entière et non plus seulement un artisan détenteur d’un savoir-faire technique. Si les bijoux Art nouveau se font de plus en plus rares, notamment parce que leurs heureux propriétaires les conservent précieusement, des belles pièces viennent enrichir nos galeries régulièrement. N’hésitez pas à visiter nos galeries internet à intervalles réguliers.